JADH

23 Juin, 2006 JADH, Publications

JADH 3 – mai/juin 2006
JADH

JADH 3 – mai/juin 2006

Sommaire

 

Vie associative

 

National

  • Conseil d’administration du 22 février 2006
  • Enquête sur la procédure d’évaluation 2005
  • En direct de la permanence ADH
  • L’ADH tient salon à Hôpital Expo
  • Hôpital+ : repérage des hauts potentiels et art de diriger

 

Régions

 

International

  • L’ADH version US : American College of Healthcare Executives

 

DOSSIER / 5èmes Journées de Rennes

Ouverture

  • Les réformes, actrices du changement ? Études de cas
  • D’une rive à l’autre de l’Atlantique
  • Démarche de changement dans un hôpital lyonnais – Analyses
  • Comment réussir à échouer
  • Éloge de l’échec
  • Comment entraîner les hommes dans une véritable dynamique du changement
  • Changer pour prévenir la crise – Clés du changement
  • Relever les défis, agir ensemble
  • Les hôpitaux confrontés aux réformes
  • Vade-mecum du changement
  • Moderniser la gestion des hôpitaux publics Clôture
  • Les ingrédients de la conduite du changement

 

Vie hospitalière

  • Pôles d’activité médicale. Du scepticisme à l’adhésion : un (grand) pas à franchir ?  Gildas Le Borgne

 

Editorial

 

«L’homme absurde est celui qui ne change jamais.»
Georges Clemenceau

 

Les cinquièmes journées de Rennes ont eu lieu les 23 et 24 mars 2006 sur un thème d’actualité : la conduite du changement. Les annales en sont d’ores et déjà disponibles (saluons l’exploit de la permanence de l’ADH) sur le site Internet de l’Association. Le titre exact était:«30 ans de réformes dans les hôpitaux publics, la conduite du changement ou comment réussir à échouer». À l’heure de la nouvelle gouvernance, de la montée en charge de la tarification à l’activité et de la convergence public/privé, quel meilleur thème aurions-nous pu trouver pour ces journées d’échanges et de réflexion ? Les évaluations qui nous sont parvenues manifestent, pour la grande majorité d’entre elles, tout l’intérêt qu’ont pris les participants à écouter les interventions et à dialoguer avec leurs auteurs. Mention spéciale aux élèves directeurs de la promotion 2005-2007 qui ont introduit magistralement le sujet en mêlant sketchs et projections d’extraits de films. La tonalité générale des échanges a été marquée par la conviction des participants que les hospitaliers, et avec eux les hôpitaux, ont su constamment s’adapter aux changements sociologiques, économiques, juridiques et scientifiques qui les ont percutés tout au long de ces trente années. En revanche, la grande majorité des intervenants, ainsi que les participants qui ont pris part aux débats, ont constaté que les mêmes travers conduisaient aux mêmes échecs dans tous les processus de changement. Citant Michel Crozier, Philippe Bernoux, sociologue, a rappelé que l’« on ne change pas la société par décret », parce qu’on ne peut pas la changer sans les acteurs qui la composent, ni sans modifier le système social dans lequel évoluent ces acteurs. Notre «cousin» du Québec,Yves-Chantal Gagnon, professeur à l’École nationale d’administration publique, nous a confortés dans l’idée que l’enfer est pavé de bonnes intentions, en nous expliquant qu’avec le «virage ambulatoire» pris en 1991, 8 à 10% des hôpitaux québécois ont été fermés sous prétexte d’une surcapacité et qu’en 1997, 9% des effectifs ont été supprimés notamment par des départs en retraite d’agents âgés de 45 à 50 ans. Aujourd’hui, le Québec souffre d’une pénurie d’infirmiers et de médecins et recrute des infirmières françaises. Philippe Bernoux a également décrit les pièges du déterminisme technologique ou organisationnel qui consistent notamment à croire qu’un logiciel bien pensé s’appliquera correctement, alors que les utilisateurs ont le pouvoir de freiner la réforme si son objet n’est pas vraiment adapté à leurs problèmes. C’est certainement de ce côté qu’il faut rechercher l’explication de l’échec de nombreuses réformes, croire que l’on peut réformer sans ou contre les hommes.
On peut ajouter à ce travers le besoin mortifère de battre sa coulpe sur le dos des autres catégories professionnelles pour justifier la nécessité du changement par l’inefficience de la situation antérieure, en disqualifiant ainsi des professionnels dont il faudrait au contraire se faire des alliés. Le cardinal de Retz écrivait déjà qu’«on est plus souvent dupe par la défiance que par la confiance». Il semble bien que les choses aient peu changé en quatre siècles. Non, les hospitaliers n’ont jamais refusé de se réformer. Les faits démontrent une adaptation constante des organisations aux contraintes rencontrées. En revanche, on sait que, dès la petite enfance, répéter à un individu qu’il est nul ne l’aide généralement pas à devenir un génie. De même, stigmatiser des professionnels dans un discours «décliniste » ne sert ni les hommes, ni les
hôpitaux, ni la nation.

Christian QUEYROUX
Vice-président chargé de la communication
DGA du CHU de Besançon