JADH
JADH 12 – novembre/décembre 2007
Sommaire
Vie associative
National
- Conseil d’administration
- Journées ADH 2008, Rennes, 20/21 mars 2008
- Ouvrage collectif : « Les hôpitaux pendant les conflits contemporains »
Régions
DOSSIER / L’hôpital vu par les journalistes
- « Il y a plus de risque à se taire qu’à parler » Interview d’Éric Favereau
- « Les journalistes peuvent comprendre beaucoup de choses… à condition qu’on leur explique » Interview de Philippe Houdart
- « D’abord bâtir la confiance » Interview de Monique Raux
Vie de l’école
- EHESP : une école est née
- Focus : profil sociologique de la 46e promotion EDH
Vie hospitalière
- Directeurs d’hôpital : manager à l’hôpital et… ailleurs – L’interview : Sophie Genay Diliautas
- Initiatives : dispositif développement durable salon Hôpital Expo
- La Fédération hospitalière de France inaugure son nouveau siège
- Actualités : cinq médecins du CHU de Caen récompensés par les Victoires de la médecine 2007
Editorial
L’apparition des structures de communication dédiées aux relations avec les médias dans les institutions soignantes est un phénomène récent à l’échelle de l’histoire de la charité. Longtemps, l’hôpital est resté un lieu de souffrance et de silence. Sa légitimité, initialement parée des sacrements religieux s’est revêtue des atouts de la science. L’instauration des CHU par le Pr Debré en 1958 a induit chez les hospitaliers une communication manipulante centrée sur leur vitrine technologique et scientifique. Avec le soutien-complaisant du corps médical, la biotechnique est devenue l’objet de toutes les attentions des journalistes, au détriment des problématiques de diagnostic, de prise en charge de la douleur et d’égalité de traitement des patients. L’affaire du sang contaminé, concomitante à une judiciarisation des relations sociales d’autant plus mal vécue qu’incomprise par les acteurs de santé, a conduit les centres hospitaliers à une prise de conscience de la nécessité d’entretenir des relations d’ouverture avec les médias. Toutefois, au fil des conversations avec nos pairs, nous constatons que la méfiance à l’encontre des journalistes tant locaux que nationaux est une constante. Les mises en cause de certains chefs d’établissements lors de problèmes surmédiatisés sont autant de traumatismes pour le corps des directeurs d’hôpital. La logique d’information répond en effet à un triple attendu : l’instantanéité, l’immédiateté et la suppression des rapports sociaux traditionnels et hiérarchisés au profit d’une perception, grisante pour le lecteur, de la profonde réalité des enjeux et parfois des drames qui secouent les structures de santé. Face à cette logique à laquelle ni notre culture professionnelle ni notre formation rennaise ne nous ont préparés, notre désarroi est compréhensible. Il n’est pas un hasard de constater que les professionnels les plus interrogés et relayés par les médias sont les représentants du corps médical: au court «termisme » de certains journalistes, la blouse blanche du thérapeute présente une image d’Épinal en adéquation avec les attentes du public immédiatement communiquante. Le franc-parler passionné, frappé du coin du bon sens de l’urgentiste sonne mieux aux oreilles du journaliste que la langue de bois ou les complexités lexicales du directeur. L’interviewer quitte ainsi le service, satisfait d’avoir compris avec facilité une situation hospitalière dont notre expérience quotidienne nous rappelle trop souvent la complexité. Cet apparent désarroi face aux logiques contradictoires qui régissent professions de journaliste et de directeur d’hôpital doit nous amener à remédier aux facteurs qui en sont la cause : l’impréparation de notre fonction aux logiques Journalistiques est une erreur lourde de conséquences. Le seul module consacré lors de la formation des élèves directeurs à la communication est une «communication managériale» dont le contenu semble axé sur l’apport d’information dans le cadre interne et sur la recherche de postes. Il est navrant de constater le décalage entre les besoins réels des directeurs en poste et les formations proposées par la structure pédagogique dont ils sont issus. Là encore, comment expliquer que les formations d’excellence des écoles de commerce préparant aux fonctions de dirigeant d’entreprise comme HEC intègrent dès le premier semestre, parallèlement aux cours d’économie, un module central de psychologie sociale et cognitive? À quand, parallèlement aux cours-sur l’histoire des hôpitaux, des missions «de redressement d’hôpital en difficulté», des séminaires de cohésion» et de communication? Rêvons à cette convergence entre structures de management publiques et privées, non pas tant sur le supposé décalage idéologique trop souvent décrié pour ne pas analyser plus en avant nos propres travers, mais sur une convergence vers plus d’excellence, de professionnalisme et de formation aux réels enjeux de notre métier de direction. À cette condition, nous pourrons opposer à la fausse bonne information et au sensationnalisme parfois véhiculé par les médias, une présentation sereine et dépassionnée des enjeux organisationnels et économiques tels que la T2Aet la nouvelle gouvernance. Ces deux aspects structureront notre devenir professionnel et celui des hôpitaux dont nous avons la responsabilité. C’est au sein de l’ADH et de l’EHESP, en partenariat avec nos syndicats, que nous devons nous questionner sur notre aptitude collective à véhiculer une représentation cohérente et audible de notre hôpital. Cela implique de travailler sur le fond, et sur la forme de notre identité.
Renaud DOGIMONT
Directeur du CH de Cateau-Cambrésis