JADH
JADH 15 – mai/juin 2008
Sommaire
Vie associative
National
- Actualité hospitalière : réforme « Patients, santé, territoires »
- Élections des délégués nationaux au conseil d’administration
- Focus : la MNH, partenaire de l’ADH
- Partenariat beau livre : Les Hôpitaux dans la guerre
- Séminaire ADH/Graph : « Nouvelle gestion : à la recherche d’unmanagement modernisé »
Régions
International
- Compte-rendu : financement de formations dans le cadre du programme Leonardo da Vinci
- Association européenne des directeurs d’hôpital : congrès 2008
DOSSIER /Vies Journées de Rennes de l’ADH – L’autonomie des établissements de santé à l’étranger
- Synthèse, par les EDH reporters Samia Ibegazen
- La parole à…Antoine Flahaul
- Focus : le système de santé vu par les usagers Christian Saout
- Autonomie et territorialisation en questions
- Synthèse, par les EDH reporters Florence Nègre, Eve Battaglia
- La parole à…Annie Podeur
- Focus : pluridisciplinarité et organisation coopérative de la filière des soins
- Le territoire, un échelon de coordination pertinent pour la prise en charge en cancérologie. L’exemple du territoire de Nantes
- Le territoire de Clermont-Ferrand : un exemple de méthodologie de travail et d’outils juridiques Samira Tahiri
- Cap sur les agences régionales de santé
- Synthèse, par les EDH reporters Marie-Christine Hosquet-Barrière, Florence Nègre, Eva Battaglia
- Quel statut pour les établissements publics de santé ?
- Synthèse, par les EDH reporters Adeline Clec’h • La parole au… Pr DidierTruchet
Vie hospitalière
- Manager à l’hôpital et… ailleurs Interview de Christophe Philibert
- Focus : les Créa au centre hospitalier deValenciennes : un outil de gestion de pôle Jean Guicheteau, Audrey Maestre-Lefèvre
Editorial
L’hôpital n’est pas une fin en soi
Nos Journées de RENNES 2008 avait programmé leurs débats en pleine correspondance avec les réflexions engagées au plus haut niveau sur la réforme des politiques de santé. Le thème « Autonomie des établissements de santé et territorialisation » a particulièrement occupé en effet la Commission LARCHER, les missions confiées à Yves BUR et Philippe RITTER, voire les États Généraux de l’Organisation de la santé. Nos journées ont largement confirmé que les concepts d’autonomie et de territorisalisation doivent renforcer leur conjugaison :
– si l’autonomie des établissements n’est pas contestée au plan juridique, elle n’est évidemment que très relative dans son rapport avec la politique de santé et l’édiction des normes qui la constituent. L’exemple du cancer est parlant : la nécessité de RCP validant les prises en charge, les seuils d’activité chirurgicale inscrivent délibérément les projets médicaux d’établissement concernés dans une dimension territoriale probante ;
– aux plans économique et financier, la T2A a particulièrement relativisé la capacité des établissement à pérenniser leur structure ; elle les a également inséré dans une relation obligée avec la consistance de leur territoire;
– en terme de santé publique, il devient nécessaire de solliciter des établissements de santé leur engagement à assumer les défis posés à chaque territoire : maladies coronariennes, maladies cérébro-vasculaires, cancer, diabète, prise en charge des personnes âgées, … et il sera indispensable d’évaluer à posteriori leur efficience à l’égard de ces prises en charge ;
– soins hospitaliers et soins ambulatoires méritent, nous le savons, une articulation beaucoup plus poussée qu’aujourd’hui.
La relation entre territoire et établissement doit ainsi être affirmée. Il faut que la réorganisation hospitalière accompagne cette affirmation et notre Association a clairement établi des propositions en ce sens. Nous devons accepter une idée simple : l’hôpital n’est qu’un maillon de la prise en charge sanitaire ou médico-sociale. Un rapport national considère que notre système de santé serait marqué par son « hospitalo-centrisme », engendrant des pertes d’efficience puisque les soins hospitaliers sont plus coûteux que les soins de ville. Le Panorama de la Santé 2007 de l’OCDE observe que 64 % des dépenses françaises de soins curatifs et de réadaptation seraient produites par le secteur hospitalier contre 46 % en moyenne pour les pays de l’OCDE. Voilà de quoi nous « décoiffer »… L’intervention d’Antoine FLAHAULT, Directeur de l’EHESP, lors de nos Journées, nous a également donné matière à réflexion avec l’expérience de la Veterans Health Administration. Isolat singulier dans son pays, ce réseau, auquel adhère 5,5 millions d’américains âgés, a repris en mains une situation très dégradée économiquement et très insatisfaisante dans ses résultats de santé. Il a réduit ses hospitalisations de 36 %, les DMS de 68 %, fermé 55 % de ses lits aigus, sensiblement augmenté les prises en charge ambulatoires et les consultations, réduit ses effectifs de 12 %, diminué le coût par patient de 25 %, mais augmenté dans le même temps le taux de satisfaction des patients ainsi que l’atteinte de ses objectifs de santé en les rendant très sensiblement supérieurs aux indices moyens nord-américains. Nous sommes conduits à nous souvenir, en quelque sorte, que l’hôpital n’est pas une fin en soi et que le métier de « dirigeant hospitalier » s’est trouvé confortablement en phase avec une période de notre histoire marquée par la réforme hospitalière de 1958. De nouveaux défis sont lancés à ce métier, tout aussi passionnants. Qu’ils soient managers confirmés ou élèves-directeurs, tous doivent les relever en dépassant les paradigmes déclinés au cours des cinquante dernières années. Nous faisons pleinement confiance à notre École, et tout particulièrement à son tout nouvel Institut du Management, pour accompagner cette indispensable mutation.
Yves MAMIE
Vice-président chargé des Journées nationales
Directeur du CH de Dôle