JADH

23 Nov, 2008 JADH, Publications

JADH 18 – novembre/décembre 2008
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JADH 18 – novembre/décembre 2008

Sommaire

 

Vie associative

  • National Flash actualité : la communauté des directeurs d’hôpital en émoi à la suite de la suspension du directeur du CHS de Saint-Egrève
  • Mécenat : l’imagerie médicale ou l’obscure transparence du corps
  • Evénement : Journées nationales ADH 2009, à Paris au Parc Floral
  • Partenariat : « les directeurs d’hôpital constituent pour SHAM des interlocuteurs essentiels sans lesquels la société ne pourrait avancer »

 

Régions

 

DOSSIER / Projet de loi hôpital, patients, santé, territoires : l’ADH au coeur du débat

 

Vie de l’école

  • Initiative : Charte relative à la procédure d’affectation des EDH
  • Reportage photos : la journée des élèves
  • Opération FOA3D

 

Vie hospitalière

  • L’interview : Manager à l’hôpital et …. Ailleurs Muriel Le-Jeune-Vidalenc, directrice générale adjointe des services de la Ville de Grenoble
  • Initiatives hospitalières : le marketing territorial de l’hôpital
  • In mémoriam : Daniel Marie
  • Focus : l’offre de soins en principauté de Monaco

 

Editorial

 

Super-heros et temps de crise

 

Superman et Batman seraient-ils nés sans la grande dépression de 29, Spider-man ou les «Fantastic Four » sans la guerre froide ? Leurs films des années quatre-vingt-dix auraient-ils eu le même succès sans les bouleversements provoqués par l’effondrement de l’URSS? La crise économique, la crise de civilisation, la crise tout court renforcent l’angoisse individuelle et collective, aggravent l’incertitude du lendemain. On veut alors croire en un «Monsieur-tout-le-monde» masquant sous ses traits ordinaires le super-héros capable de briser l’injustice, de maîtriser les méchants et de faire revenir les beaux jours. Tiens, à défaut de «superTrader», peut-être verrons nous bientôt apparaître «SuperEuro», vu l’ampleur du cataclysme financier de ces derniers mois. L’hôpital public, heureusement, ne s’effondre pas. Mais il traverse quand même une de ses crises les plus profondes. Le modèle «excessivement hospitalo centré» était déjà contesté par ceux qui en critiquent les insuffisances, réelles ou supposées, dans une vision un peu raccourcie selon laquelle le management public est par nature inefficace. Mais avant tout, ce qui donne matière à la crise hospitalière d’aujourd’hui, c’est l’effondrement de la performance économique. L’Hôpital public ployait depuis longtemps sous les invraisemblables exigences réglementaires de la technostructure. Voilà qu’il croule désormais sous le poids colossal des déficits! 500, 600, 800 millions d’Euros pour l’année en cours nous dit-on. Certains hôpitaux annoncent des plans sociaux, d’autres ferment une partie de leurs sites, se découvrant à la limite de la cessation de paiement. Autant de situations qui conduiraient nombre d’entreprises privées – hormis les banques – au redressement judiciaire, voire à la liquidation. Dans ce modèle en déconfiture apparente, « Super-Directeur» créée le buzz: voici le «vrai» manageur, débarrassé de la gestion forcément ringarde de son prédécesseur, capable d’agir enfin sans entraves pour le bien de son établissement et de la santé publique, et pour le redressement rapide des comptes. Pardonnez la caricature, mais elle aide à réfléchir. SuperDirecteur n’existe naturellement pas plus que SuperDocteur ni SuperTutelle… Mais… Mais crise économique ou pas, il est incontestable qu’à l’hôpital public le management moderne, l’arbitrage rapide, l’efficacité de l’action nécessitaient de poursuivre l’évolution des règles de gouvernance et l’assouplissement d’une réglementation particulièrement sclérosante. C’est l’intérêt évident de la santé publique. C’est la responsabilité de ses dirigeants. Et c’est pourquoi, sans céder aux chimères et sous réserve des garanties professionnelles indispensables, l’ADH a soutenu les orientations de la commission Larcher, et qu’elle continue de participer au débat par le dossier publié dans ce numéro. Un débat qui permet de rappeler qu’aucun responsable ne peut mener son action hors d’un corpus de règles morales et d’une éthique du comportement. L’actualité internationale le rappelle avec fracas depuis quelques temps : on n’ose imaginer ce que seraient des hôpitaux gérés exclusivement selon les préceptes du commerce international, par exemple. L’hôpital a sans doute bien des lourdeurs, ses responsables – dirigeants et médecins – des progrès à faire. Mais quand même, dans ce monde si complexe il y a beaucoup de vrais professionnels aux grandes qualités d’équilibre, qui ont certainement atténué l’impact de la crise sociale et financière de l’hôpital ces dernières années. Pour être médicalement efficace et économiquement pertinent, l’hôpital doit s’adapter, ses dirigeants se remettre en cause et assurer un bon co-pilotage. Sans rêver au superhéros ni aux formules magiques d’effacement de déficit : aucun directeur ne conduira efficacement le navire s’il agit seul et en autocrate. Le redressement solide résulte inévitablement d’un travail d’équipe. Alors la première responsabilité de celui qui est à la fois un peu entraîneur, chef d’équipe, et arbitre, est sans doute d’obtenir ce succès collectif. Le métier change…

Frédéric BOIRON
Vice-président chargé des dossiers d’actualité