JADH

24 Août, 2013 JADH, Publications

JADH 46 – juillet/août 2013
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JADH 46 – juillet/août 2013

Sommaire

 

Vie associative

 

National

  • Succès : l’ADH aux Salons de la santé et de l’autonomie
  • Débat : le management de territoire
  • Cartographie : la CHT du Limousin : une région, un territoire/la CHT 44
  • Rencontre : échanges entre les directeurs d’hôpital et les administrateurs territoriaux
  • Événement : Journée nationale décision de haute voltige

 

Régions

 

International

 

Dossier
Directeur d’hôpital : un métier hors normes ?!

Le contrôle des établissement

  • Un guide du contrôle des établissements conçu avec l’aide des professionnels
  • La capacité et le courage de transgresser parfois

La certification des établissements

  • Une mise sous tension positive
  • Une procédure « rapide et fluide »

Le « choc de simplification »

  • La France a 11 grammes de normes dans le sang !
  • Élaborer et structurer un « service après-vente »

La certification des comptes

  • Le nouveau Léviathan ?

 

Vie de l’école

  • Zoom – Présentation statistique de la promotion Séquoia
  • Annonce – Recrutez un EDH !
  • Communiqué – Un nouveau bureau pour EHESP Conseil

 

Vie hospitalière

  • Manager à l’hôpital… et ailleurs, Interview de Nathalie Robin-Sanchez

 

Formation

  • Préparation aux concours : avis aux futurs DH ou cadres dirigeants du secteur public
  • Interview de Yann Bubien
  • La préparation à distance aux concours hospitaliers : un dispositif qui a évolué, Interview de Céline Limouzy

 

Editorial

 

Le temps des bonsaïs

 

Le directeur d’hôpital est soumis à une multiplication irrépressible des normes : plus de 660 textes ont trait ou régissent l’hôpital, plus de 2700 statuts y sont gérés et le code de la santé publique comprend plus de 10000 articles. Il est dès lors évident que sont freinés le management et l’action créatrice qui doivent orienter stratégiquement les projets et l’activité
des établissements, en particulier l’activité médicale et de soins au service efficient des besoins de la population. Se pose alors la question du pilotage : le directeur d’hôpital dispose-t-il de toute la lisibilité nécessaire dans les informations qu’il exploite, assisté du directoire et en étroite relation médico-économique avec les chefs de pôle et la communauté médicale et soignante ? Il apparaît que oui, sous la condition d’opérer la synthèse évidemment simplificatrice, le compromis entre normes contradictoires (par exemple ratios de personnels réglementaires vs plan de retour à l’équilibre et dialogue social), la sélection des indicateurs les plus pertinents – simples, mesurables et reproductibles. Cela bien sûr sous le contrôle tatillon et confortable, parce que distancié par rapport à la praxis du DH éminemment soumise à la contingence du réel, des pouvoirs publics au travers des multiples outils (certification, CPOM, Osys, Fides, bientôt la certification des comptes, etc. ). Il y a quelques années, une ARS suivait ainsi les CPOM de plus de 100 ES grâce à un tableau de bord qui devait retracer plus de 80 items sur cinq ans, ce qui, au bas mot, fait près de 45 000 entrées pour une région qui n’est pas la plus grande du pays et dont le Sros n’en était qu’à sa seconde version. L’État est particulièrement concerné par cette effusion administrative administrative, et le gouvernement actuel vient à son tour d’annoncer un plan d’ampleur en matière de simplification administrative. Ce phénomène relève de la sociologie propre à l’administration et fait écho aux symptômes français qu’on identifiait déjà sous l’Ancien Régime, à savoir que la production normée comblerait un  manque sociétal, comme l’a décrypté Pierre Legendre, nous distinguant en cela des pays neufs et du monde anglo-saxon. Dès lors, quel diagnostic poser sur la liberté d’action du directeur d’hôpital ? serait-il comme ce gladiateur qu’on nommait « rétiaire » dans les jeux du cirque à Rome et qui, hélas, se retrouverait piégé, entravé dans ses filets, titubant avant de s’écrouler sous le poids des rets qui l’enserrent? La grande stabilité de notre corps professionnel engagé envers le service public hospitalier et son pouvoir d’adaptation démontrent le contraire. et là se retrouve ce qu’on a pu appeler le « cœur de métier ». Science sans conscience n’est que ruine de l’âme, telle est la devise de Rabelais au fronton de l’abbaye de Thélème. La longue histoire hospitalière, des hôtels-Dieu du Moyen Âge aux hôpitaux hypertechnicisés du XXIe siècle et bientôt hypernumérisés, témoigne qu’il n’y a aucune oeuvre humaine durable si elle ne trouve ces fondations dans un substrat nourri de ces valeurs. Ces mêmes valeurs qui permettent aux DH de résister, d’être à leurs postes et d’assumer les responsabilités souvent lourdes qu’ils ont choisi d’exercer. Alors pourquoi le temps des bonsaïs ? eh bien, c’est peut-être grâce à une sélection éclairée, à un soin attentif de chaque jour, à un milieu propice et aux contraintes qu’il lui inflige que le jardinier japonais opère la magie de susciter dans l’arbre qu’il cultive une croissance maîtrisée, durable, comme ce jardin des bonsaïs que chacun des congressistes des journées ADH a pu admirer au Parc floral de Vincennes.

Francis-Michel Gest
Élu national