Communiqués

27 Jan, 2014 Communiqués, Publications

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Communiqué – Le Directeur d’Hôpital face aux risques psycho-sociaux

Alors que les «RPS» sont partout évoqués, est-il saugrenu de parler de «risques psycho-sociaux» pour les cadres dirigeants de l’hôpital aujourd’hui ? Peut-on mettre des mots sur les difficultés vécues par certains collègues dans ce domaine sensible ? Pour tenter d’y répondre, la GMF a sollicité la FHF, l’ADH, et l’ADRHESS afin d’organiser un colloque ce jeudi 23 janvier sur le thème «le directeur d’hôpital face aux risques psycho-sociaux».

Juriste, psychologue assisteur, chef d’établissement et adjoints, magistrat, pouvoirs publics, ont apporté leur éclairage sur un phénomène à la fois flou dans sa définition, parfois galvaudé dans ses évocations publiques, et douloureux dans ses manifestations concrètes.

L’ADH a tenu à se mobiliser sur ce sujet pour plusieurs raisons, et notamment :

d’abord parce que la solidarité professionnelle et la promotion de la fonction de direction constituent sa raison d’être ;

ensuite parce que, depuis quelques années, une expression plus claire se manifeste parfois sur des situations de malaise et de détresse vécues par des collègues de positions hiérarchique et d’ancienneté diverses. Le fait n’est pas nouveau, mais on a le sentiment que l’accélération constante du monde contemporain, la médiatisation des incidents, la pression financière et sociale pesant sur le système de santé, peuvent crisper les organisations humaines. Ce ressenti fait peser une lourde responsabilité juridique et mais aussi morale sur celles et ceux qui sont chargés d’appliquer sur le terrain des politiques courageuses, en contact direct avec des communautés professionnelles souvent inquiètes et avec des usagers légitimement exigeants, alors que les capacités d’appui ou d’accompagnement du management sont encore balbutiantes.

Enfin, parce qu’un hôpital ne peut aller bien si son directeur et son équipe de gouvernance vont mal. Cela a été souligné à plusieurs reprises le 23 janvier à la tribune, notamment par le délégué général de la FHF, Gérard Vincent.

Parce qu’ils doivent incarner au quotidien avec conviction les valeurs du service public hospitalier, et témoigner de l’engagement attendu des hauts responsables publics dans une période d’efforts et de réforme, tous les directeurs d’hôpital sont concernés, qu’ils soient chefs d’établissement ou directeurs adjoints. Le risque de dégradation des conditions de travail est évoqué pour les communautés hospitalières, il peut atteindre aussi les dirigeants. Les éléments de contexte sont connus depuis des années, ils concernent les injonctions paradoxales, l’avalanche jamais démentie de textes et de normes, l’accélération des restructurations et recompositions souvent nécessaires, sans oublier l’équation individuelle ni les incidents de parcours auxquels ces métiers exigeants peuvent conduire.

Réformer reste nécessaire, nous en sommes convaincus, et c’est la mission des dirigeants de conduire ce processus : piloter efficacement l’hôpital, avec humanisme, sens des responsabilités et de la justice, respect des individus et souci de performance, constitue l’ambition première des directrices et directeurs d’hôpital – qui doivent bénéficier de ces mêmes règles pour garantir les espaces de dialogue indispensables.

L’image du dirigeant est naturellement celle d’un personnage d’autorité qui met en œuvre une politique et des choix collectifs. C’est aussi une personne, que sa fonction d’arbitre ou de décideur expose à une certaine solitude : les représentations classiques ne permettent pas facilement à un dirigeant de mettre des mots sur ses difficultés et ses doutes, ou de s’avouer dans l’impasse.

Le réseau, l’entraide mutuelle, anonyme ou structurée au sein d’organisations, syndicales, associatives, ou autres, de même que la convivialité peuvent compter beaucoup dans les moments d’interrogation voire d’épuisement professionnel. Mettre des « mots sur les maux », s’appuyer sur les pistes institutionnelles avec l’aide du CNG notamment, sont des démarches nécessaires qui font l’objet d’un numéro spécial du JADH téléchargeable.

L’ADH réunie en Conseil d’administration à l’issue du colloque ce 24 janvier a débattu des problèmes ou des difficultés ponctuelles signalés par ses délégués régionaux. L’association considère qu’il ne doit pas y avoir de tabou à évoquer cette réalité, heureusement non majoritaire – car il ne faut pas confondre «pression professionnelle» et «situation de crise». Il faut en effet faire la part des choses, sans passion ni excès.

Le conseil d’administration de l’ADH souhaite formuler prochainement des pistes de propositions en vue d’apporter aide et conseils aux Directeurs touchés par ces problématiques. D’ores et déjà, une extension de la protection juridique des adhérents pour couvrir l’ensemble des risques psycho-sociaux est adoptée. Sur le terrain, des espaces d’échanges, d’écoute et de dialogue, mais également d’accompagnement individualisé pourraient aussi être préconisés, en relation avec l’ensemble des partenaires, syndicats, institutions, autorités sanitaires.

Le colloque organisé sur l’excellente initiative de la GMF a démontré une évidence : lorsqu’on est dans la difficulté, lorsqu’on a un sentiment de solitude excessive, le silence ne doit pas s’ajouter à ces difficultés. Il faut pouvoir échanger en confiance, dans l’intérêt des individus comme du système de santé.

Dans cette perspective l’Association et ses responsables sont à votre écoute et recueilleront avec vigilance vos attentes.

Le Conseil d’administration de l’ADH