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18 Jan, 2022 A la une, Communiqués

Communiqué ADH – Si tu diffères de moi
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Communiqué ADH – Si tu diffères de moi

 

 

« Si tu diffères de moi…

…loin de me léser, tu m’enrichis ». Ces mots d’Antoine de Saint Exupéry résonnent avec encore plus de force depuis maintenant deux ans que l’Hôpital public en particulier, le monde de la santé en général font face à la lutte contre la covid. Plus que jamais la crise sanitaire a mis en exergue la diversité de la chaîne de soins, la pluralité de la mosaïque hospitalière, la capacité de tous les acteurs à se mobiliser, pour agir, s’adapter, répondre aux besoins de la population ; bien souvent en anticipant, en innovant, prouvant bien là la force et l’énergie des acteurs de terrain et la puissance d’un collectif pour faire face. Prise en charge des patients covid, organisations déployées pour garantir la prise en charge des patients non covid, ouverture de centres de vaccinations en des temps records : les exemples sont nombreux pour démontrer combien l’hôpital public a su réagir avec une mobilisation de tous les acteurs de la communauté hospitalière, quelques soient leurs grades et qualités. Cette pluralité s’est étendue en dehors de l’hôpital avec d’autres partenaires incontournables avec lesquels l’hôpital lie son action durant cette crise, tels que la médecine de ville ou le monde médico-social.

La construction est certes collective. Elle s’appuie sur l’expertise, dont, faut-il bien le reconnaitre, la crise appelle à la plus grande humilité, sur l’échange, sur l’analyse ; mais elle s’appuie également sur la décision d’agir et la responsabilité qui en découle. Et c’est dans ce cadre que les directrices et directeurs d’hôpital agissent. Pas derrière des tableurs Excel comme voudraient le faire croire certains mais avec leurs tripes, avec tout leur cœur d’hospitaliers publics, leur engagement, leurs convictions profondes de santé publique et en ayant au centre de leur action la prise en charge de nos concitoyens. Monsieur le Ministre des solidarités et de la santé a récemment souligné cet engagement des directrices et directeurs d’hôpital. C’est un engagement qui dépasse largement la crise. C’est le fondement de notre métier.

Car, sans faire de corporatisme, il s’agit bien d’un métier spécifique. Un métier pluriel dont la mobilisation d’acteurs internes à l’hôpital mais également sur les territoires constitue des leviers pour répondre aux besoins de santé de nos concitoyens. Non, l’objectif de notre métier n’est pas un tableau Excel. Non, l’objectif de notre métier n’est pas déconnecté du réel et du terrain. Oui, la clé de voûte de notre action est le patient. Oui, nous sommes profondément attachés à l’hôpital et à ses valeurs.

Bien évidemment, nous n’agissons pas seuls. Au sein de nos établissements et sur le territoire. Avec là encore des acteurs qui apportent la spécificité et la richesse de leur métier. Le binôme avec la présidence de CME, la place du/de la directeur (trice) des soins, les chefs de services, les chefs de pôles, les cadres, le monde libéral, le monde médico-social, ou bien encore les Agences Régionales de Santé, les services de l’Etat ou les collectivités locales : autant de liens qui marquent la force de la complémentarité et du collectif au service de l’intérêt général.

Diriger un Hôpital public, en qualité de chef d’établissement ou de directeur adjoint, est bien un métier spécifique, s’appuyant sur des valeurs, des convictions, sur l’engagement et sur le respect de toutes celles et ceux qui composent la chaîne de soins.

Et pourtant…Deux faux débats font une nouvelle fois jour.

Celui où l’on veut une nouvelle fois nous clouer au pilori. Nous serions, en entendant quelques voix, des « administratifs », connectés à leurs chiffres, des administrateurs publics très éloignés du terrain, des patients et des réalités. Faut-il réellement débattre une nouvelle fois de cela, user de l’énergie contre le directeur bashing, bien souvent anonyme et dégradant ? La fatigue gagne aussi nos collègues et l’écœurement pourrait faire craindre la démobilisation lorsque ces joutes verbales, en plus des agressions ou intimidations que beaucoup ont eu ou ont à subir alors qu’ils combattent l’épidémie, sont sans cesse ré-itérées, nous attaquant dans nos valeurs et le sens que nous voulons porter.

Le second faux débat est ce vieux serpent de mer : la fusion des corps DH-D3S. La crise a une nouvelle fois bien démontré que nos métiers sont différents. Chacun a ses spécificités et l’un n’emporte pas plus d’autorité ou de prestige sur l’autre. Nous sommes des femmes et des hommes de terrain, portés par l’intérêt général mais agissant dans des contextes et organisations différents. C’est bien ce qui fait la différence de nos métiers et des formations qui y préparent. L’ADH a toujours prôné et prône toujours l’intégration dans le corps des directeurs d’hôpital des collègues D3S travaillant au sein de structures sanitaires, en y apportant d’ailleurs la richesse de leur formation, de leur expérience et de leur expertise. Une intégration qui pourrait d’ailleurs être amplifiée avec le rapprochement territorial entre les structures sanitaires et médico-sociales; un rapprochement dont l’intérêt a bien été souligné par la crise.

Alors pourquoi faire renaître cette idée, au risque là aussi de nier la réalité de deux métiers et les banaliser ? L’étape suivante serait pour le coup un vaste corps d’administrateurs sanitaires et médico sociaux ?  S’il s’agit de reconnaissance d’un statut, mieux vaut dès lors travailler à l’amélioration de celui-ci et ne pas diluer nos métiers spécifiques dans un grand tout.

A l’heure où la crise démontre bien la nécessité de donner plus de force à l’hôpital public et à ses acteurs, tel que le Ségur de la santé l’a historiquement fait, faut-il entrer dans ces faux débats ? La période d’élections présidentielles qui s’ouvre appelle à des vrais débats, de fond pour que le système de santé dans son ensemble soit solidifié : la territorialisation de l’offre de soins, la capacité à libérer les énergies du terrain ou bien encore un vrai choc de simplification pour pouvoir agir sont des vrais enjeux à côté desquels les hospitaliers ne sauraient passer.

 

                                                                          

                                                                   Vincent PRÉVOTEAU, Président et le bureau de l’ADH